La Mécanique
des milieux continus est une matière de base
pour beaucoup
d'écoles d'ingénieurs, qui fait tantôt l'objet d'un
cours à part entière,
tantôt la première partie d'un cours
d'élasticité ou de mécanique
des fluides. Comme la mécanique rationnelle, qui est souvent
enseignée
en parallèle, cette matière fait appel à des
nombreux concepts
mathématiques
que l'étudiant possède, consolide ou découvre.
En
restructurant le programme des cours de mathématiques et en
introduisant
des cours de mécanique des fluides, la récente
réforme des classes préparatoires
à modifié le bagage de l'étudiant. Une
concertation entre les professeurs
des classes préparatoires et ceux des écoles
d'ingénieurs s'avère donc
nécessaire pour une meilleure harmonisation entre leur
enseignements.
On
se propose ici de survoler le contenu actuel du cours de
mécanique milieux
continus du Département "Hydraulique et Mécanique des
Fluides"
de l'ENSEEIHT afin de recenser les outils
mathématiques
essentiels pour
son assimilation. Ce survol est susceptible de servir de point de
départ
pour un débat entre les enseignants de mathématique et de
physique.
Quatre chapitre à caractère mathématique
Avant
d'énoncer les principes fondamentaux de la mécanique des
milieux continus,
le cours aborde quatre chapitres essentiellement mathématiques :
grandes
déformations, cinématique, hypothèse du continu et
tenseur des contraintes.
Contrairement à d'autres cours, la notion de tenseur est
réduite au simple
concept d'une matrice de composante obéissant aux règles
de changement
de base d'une application linéaire.
L'étude
locale des grandes
déformations
repose sur la notion de différentielle
d'une application et
l'utilisation
intensive de la Jacobienne
et du Jacobien.
L'étude de la
variation des
longueurs des angles ou des volumes conduit à l'introduction de
tenseur
des dilatations. Elle nécessite une bonne maîtrise de la
notion de produit
scalaire, de la diagonalisation
des matrices symétriques ou
encore du
produit mixte et des déterminants. La
maîtrise des
changements de variable
dans les intégrales triples
est importante pour aborder les
représentations
lagrangienne et eulérienne des champs continus et pour formuler
le principe
de conservation de la masse.
L'étude
de la cinématique
des milieux continus nécessite de compléter cette
panoplie d'outils par
la maîtrise des systèmes
d'équations
différentielles ordinaires pour
déterminer, par exemple, des trajectoires ou des lignes de
champs. La
décomposition de la différentielle du champ de vitesse en
une matrice
antisymétrique et une matrice symétrique définit
les tenseurs des taux
de rotation et de déformation. Enfin, les
théorèmes de transport constituent
une généralisation de la formule de Leibnitz au cas de la
dérivation
des intégrales triples sur des volumes transportés par le
mouvement.
L'hypothèse
du continu
permet de définir une densité volumique pour toutes les
grandeurs physiques
extensives. On montre alors que les champs de densité de surface
directionnels,
c'est-à-dire dépendant du vecteur normal à la
surface considérée,
définissent des grandeurs physiques extensives "si et
seulement
si" ils dépendent linéairement du vecteur
normal. Ce théorème
est à la base de la notion de flux, comme par exemple le vecteur
flux
de chaleur. La démonstration de ce théorème, par
exemple à l'aide de
familles de tétraèdres convergeant vers un point,
nécessite de maîtriser
la formule de Taylor et le
passage à la limite pour des
recouvrements
de plus en plus fins.
La
généralisation de ce théorème aux champs de
surfaces vectoriels permet
de définir les tenseur
des contraintes
en considérant la densité des forces de contacts
exercées sur un domaine
quelconque. Le théorème
de la divergence et sa
généralisation à la
divergence des tenseurs est nécessaire pour étudier le
tenseur des contraintes
et démontrer sa symétrie.
Des mathématiques à la
mécanique
Ces
quatre chapitres à caractère mathématique
étant traités, les chapitres
suivants entrent alors dans le vif du sujet. L'énoncé des
principes fondamentaux
de la mécanique se traduit sous forme de lois
de conservation
: conservation de la masse, de la quantité de mouvement et de
l'énergie.
La fermeture des équations du mouvement s'effectue en
exprimant
le tenseur des contraintes en fonction de la déformation
(comportement
élastique) ou du mouvement (comportement fluide). L'élasticité
linéaire
s'intéresse aux petites déformations des matériaux
solides. Pour les
matériaux homogène et isotropes, on démontre que
la loi de comportement
ne dépend que de deux coefficients. Cette démonstration
nécessite de
considérer les invariants
polynomiaux d'un tenseur qui sont
engendrés
par sa trace, son produit contracté avec lui-même et son
déterminant.
Cette même démonstration permet d'aborder les lois de
comportement de
la mécanique
des fluides
newtoniens. Le cours se conclut par l'établissement des
équations du
mouvement découlant de ces deux lois de comportement :
équation de Lamé
pour l'élasticité linéaire et équation de
Navier-Stokes pour la mécanique
des fluides.
Trois
outils mathématiques caractéristiques de la
mécanique des milieux continus
sont volontairement laissés
de côté dans ce cours
introductif afin de
permettre une meilleur assimilation des concepts de base. Il s'agit de
la notion de tenseurs, de
la notion de torseurs
et de
distributeurs
ainsi que de leur dualité et enfin de la notion de puissances
virtuelles.
Ces notions sont néanmoins discutées sous forme de
compléments.
Bibliographie
O. Thual, Introduction
à la Mécanique des milieux continus déformables,
Collection POLYTECH, CÉPADUÈS-ÉDITIONS
1997.