INPT/ENSEEIHT, 2 rue Camichel, 31071 Toulouse.
Référence du présent document : O. Thual , EPI-DHMF 0221 (2004)
dans l'espoir de ne pas être élu au Département en 2005
O. Thual, version du 21 février 2004
1. INTRODUCTION
Je suis candidat à la Direction du Département " Hydraulique - Mécanique des Fluides " ... pour le mandat de 2009 ou un mandat ultérieur. En effet, je considère que tous les enseignants du Département ayant rang de professeur ont l'obligation de candidater, le moment venu, aux responsabilités de Directeur du Département, Directeur de l'IMFT ou autre responsabilité de cette taille au sein de l'INPT. C'est une dette vis-à-vis du service public qui nous a fait confiance à travers diverses promotions. Avec des excuses plus ou moins valables, je souhaiterais que mon " moment venu " attendent encore quelques années. Par conséquent, je témoignerai à tout candidat au mandat de 2005 ma plus grande reconnaissance.
En 2009, ou plus tard, j'aurais le recul du cinquantenaire nécessaire pour trouver le juste milieu entre le maintien des traditions et la transformation radicale des structures. Dans l'hypothèse où une conspiration majoritaire réussissait à m'inculquer l'idée qu'il serait de mon devoir d'assumer cette responsabilité dès le mandat de 2005, je crains que ma formation (" la patrie, les sciences et la gloire ") ne m'ait trop conditionné pour pouvoir résister à la pression. Mais je crains aussi ne pas pouvoir atteindre d'ici là le " juste milieu " dont je viens de parler et d'être tenté de mettre en oeuvre de multiples réformes, voire des révolutions, dont la nécessité s'estompe heureusement avec l'expérience de l'age.
Le but de cette note est donc de prévenir mes collègues
du danger que représente l'amicale pression visant à me persuader
de prendre la Direction du Département à partir de janvier
2005. Et comme je souhaite vraiment passer au moins un tour, j'encourage
toute personne ayant des idées de réformes, si possibles
impopulaires, à me le communiquer pour compéter le présent
document.
2. UN JOURNAL INTERNE INTITULE " EPI-DHMF "
Cette note est le premier article d'un nouveau journal que j'intitule : " Echange de Projets et d'Idées au Département Hydraulique - Mécanique des Fluides " (EPI-DHMF). Ce journal est destiné à recueillir des textes, plus ou moins construits, portant sur l'organisation et la vie du Département. Tous les enseignants du département peuvent y soumettre des articles (en étant conscients qu'ils ne pourront pas les faire figurer sur leur liste de publications ! ). Je me nomme éditeur de ce journal, c'est-à-dire que je me propose d'en assurer la diffusion (affichage sur l'INTRANET, liste e-mail d'abonnés, etc.). Et s'il se crée des journaux concurrents, tant mieux, la pluralité de la presse est un bien. L'essentiel est de débattre et de communiquer.
Si je suis le seul contributeur de ce journal ou que personne ne le lit, ce n'est pas grave. Ce journal sera pour moi une simple classification de notes de réflexions. Mais si ce journal permet de faire progresser la réflexion collective sur la vie du Département, alors tant mieux. Et si cela se trouve, qu'il me soit permis de rêver, le lancement de débats sur l'avenir du Département suscitera des vocations de candidatures pour le prochain mandat.
Dans ce premier article (puisque le présent texte vient de passer
du rang de note au rang d'article) comme dans les suivants, je compte lancer
quelques idées de réformes, plus ou moins réfléchies
ou construites, afin de susciter un débat, des réactions,
voire des soumissions de nouveaux articles au journal " EPI-DHMF ". Si
mes idées font bondir le lecteur, tant mieux : il réagira
en proposant des arguments contradictoires, suivis d'un débat ou,
mieux, il se persuadera qu'il est urgent de trouver d'autres candidats
pour la Direction du Département.
3. IDEES EN VRAC
Je liste en vrac, sans réelle construction, quelques idées ou sujets de débat qui pourront être développés dans de prochains articles ou lors de discussions aléatoires ou programmées.
Le rôle du Directeur de Département. La formule " si vous n'êtes pas contents vous n'avez qu'à trouver quelqu'un d'autre et je continue comme cela en attendant " me paraît inacceptable de la part de quiconque ayant accepté d'occuper un poste de responsabilité. Pour moi, le rôle du Directeur de Département est de faire émerger des décisions réfléchies, responsables et approuvées par l'ensemble des enseignants. Dans de rares occasions, il doit user de son devoir d'arbitrage, mais uniquement après avoir fait tous les efforts nécessaires pour dégager une position commune. On voit trop de responsables scléroser tout débat, volontairement ou par négligence, puis justifier leurs décisions arbitraires par l'absence de consensus.
La répartition des charges d'enseignement. Un des plus grands chantiers d'un Directeur de Département me semble être la répartition des charges d'enseignement. Une première méthode consiste à maintenir la continuité en demandant aux nouveaux de boucher les trous résultant du départ des anciens, si possible en décidant tout seul. Cette méthode a l'avantage d'être simple et pas très fatigante. Une autre méthode consiste à prendre en compte les objectifs généraux de la formation, les retours des étudiants, les aspirations et compétences des enseignants et sans doute d'autres facteurs afin de gérer les programmes pédagogiques de manière optimale. Pour cela, il faut que les enseignants se mettent d'accord sur les principes qui doivent gouverner cette optimisation. La rédaction d'une " chartre pédagogique " approuvée par le plus grand nombre me paraît être un outil performant pour réaliser la répartition des charges de manière consensuelle.
Vers une " Charte Pédagogique " pour le Département. Il faudra sans doute plusieurs articles publiés dans le présent journal " EPI-DHMF " pour définir une charte pédagogique détaillée et susceptible de recueillir l'adhésion du plus grand nombre. À moins que l'on se rende compte que quelques principes évidents suffisent pour la fabriquer. J'invite tous les enseignants du Département à contribuer à cette réflexion d'une manière ou d'une autre. Pour ma part, le premier principe qui me vient à l'esprit est la " satisfaction des aspirations pédagogiques de l'enseignant ". Cela peut en choquer certains comme ceux qui pensent que l'adéquation de la formation aux exigences des industriels doit primer (je force le trait volontairement). Mais il me semble qu'une pédagogie qui résulte d'un projet dans laquelle un enseignant se donne à fond est beaucoup plus utile à l'étudiant qu'un enseignement vécu comme une corvée par l'enseignant. Quitte à laisser de côté certaines disciplines jusqu'au recrutement actif des enseignants qui s'y passionneront.
Le paradoxe de " l'ancien et du nouveau ". Si l'on veut faciliter la tâche aux enseignants désireux de s'investir durablement dans des enseignements qui leur correspondent, il faut mettre en place des outils et des règles garantissant que leurs efforts pourront aboutir. Un enseignant passionné par une matière ou une discipline doit pouvoir y créer des enseignements. Si les enseignements existent déjà, il doit pouvoir y participer, par exemple en rejoignant l'équipe pédagogique qui y travaille déjà. Il ne faut pas qu'une discipline soit bloquée pendant 30 ans sous le simple prétexte que quelqu'un en détient la chaire inamovible. D'un autre côté, il ne faut pas déboulonner un enseignant qui a investi beaucoup d'énergie dans un enseignement sous le simple prétexte qu'un nouveau venu prétend le faire de manière plus moderne. La constitution d'équipes pédagogiques me paraît être une manière efficace de résoudre le paradoxe entre la nécessiter de rénover les enseignements et le souci de préserver les investissements effectués.
Le " Programme Qualité Pédagogique et Scientifique ". Un outil permettant de réguler l'évolution des programmes pédagogiques de manière rationnelle serait, de mon point de vue, la création d'un programme qualité auquel pourrait adhérer les enseignants qui le souhaitent. Un ou plusieurs articles spécifiques dans ce journal " EPI-DHMF " seraient nécessaires pour définir ce programme, mais voilà quelques rubriques que l'enseignant, ou l'équipe enseignante pourrait choisir de satisfaire " à la carte " pour se constituer un " menu qualité " :
L'application pratique des grands principes. S'il est important
de pouvoir définir des principes généraux, il n'est
toujours facile de les mettre en correspondance avec des décisions
à prendre ponctuellement. Certains responsables ou groupes de pression
sont très forts pour édicter des principes généraux
qui collent exactement aux décisions qu'ils veulent prendre, quitte
à édicter des principes contraires si la décision
suivante le requiert. Je préfère encore le despotisme, si
possible éclairé, à ces méthodes totalitaires.
Il existe aussi des situations où les grands principes n'apportent
pas forcément la réponse et où il faut recourir à
une certaine intuition. Là encore, la discussion et la concertation
sont indispensables pour déboucher sur des décisions raisonnables.
Et c'est en étant confronté à des décisions
pratiques que l'on peut élaborer petit à petit les principes
qui guideront les prochaines décisions.
Questions à débattre. En guise d'illustration, voici quelques questions qui me viennent à l'esprit et qui alimenteront, je l'espère, des débats constructifs débouchant sur une vision commune et concertée de l'organisation du Département.
Ce premier article du journal EPI-DHMF (Echange de Projets et d'Idées au Département Hydraulique - Mécaniques des Fluides) a, je l'espère, permis d'entrevoir le danger que représenterait mon élection au prochain mandat de la Direction du Département. Je suis en effet un adepte de la " concertation permanente " et mon aspiration à une " autogestion collective " du Département est de nature à rendre instable le système de fonctionnement actuel.
J'invite tous mes collègues à calculer le temps qu'ils risquent de perdre en réunions de concertation, débats, échanges de mails, lecture ou publications d'articles dans le journal EPI-DHMF, voire en création de journaux concurrents. Certains se disent que tant qu'on ne touche pas à leur charge, ils n'ont pas besoin de s'inquiéter. S'il est vrai que j'ai personnellement le plus grand respect pour le temps investi dans une charge d'enseignement, il se trouve que j'ai un respect encore plus grand pour l'application de la décision majoritaire (lorsqu'elle résulte d'une vraie concertation). Rien ne garantit aujourd'hui que la majorité ne souhaitera pas une transformation en profondeur de nos formations.
Comme je l'ai dit en introduction, il me faut encore quelques années pour atteindre la sagesse qui consiste à préserver l'ordre établi en résistant aux élans de réformes des jeunes collègues. Je suis pour l'instant dans un stade d'évolution ou je conçois le rôle de responsable comme le pouvoir exécutif mettant en oeuvre les décisions de l'assemblée des enseignants. Ce mode de fonctionnement est chronophage, compliqué et fatigant pour tout le monde. Enfin, je vous aurai prévenu !
Et même si, en toute invraisemblance, vous êtes prêts à partager les idées que j'ai mises en avant, d'autres pourraient les mettre en oeuvre mieux que moi. Par exemple vous-même ! Je m'engage à vous aider si vous êtes élus. Allez, un beau geste !